Les hommes ayant gouté à la paix
« Je ne suis jamais vraiment reparti de Beyrouth.
Parfois je me réveille la nuit au cœur du brasier, dans d’atroces combats.
Et je dois marcher dans l’appartement afin de vérifier
que je suis bien à Paris, rue St Maur.
J’écris pour quitter Beyrouth.
J’écris pour que Beyrouth me quitte
Dans le recueil d’Aphorismes de Lichtenberg je lis ceci :
« Quand la guerre a duré vingt ans, elle peut parfaitement durer cent ans. Car la guerre devient alors un statut.
Les hommes ayant goûté à la paix disparaissent peu à peu. »
Des arbrisseaux poussent leurs branches entre les murs détruits.
Dans tout le centre-ville la chlorophylle triomphe.
Sur la terrasse du centre Starco, un jeune palmier a jailli du béton.
Et sur les pistes inutiles de l’aéroport, l’herbe a soulevé le bitume. »
Interzone et Bernard Wallet jouent Paysage avec palmier.